La proposition de OneShot est radicale : à l’origine, le jeu n’était faisable qu’une unique fois. Après avoir terminé le jeu, impossible de le relancer (le jeu se fermait de lui même après quelques secondes). De plus, le jeu sauvegarde en permanence vos actions et choix de dialogue, à la manière d’un Undertale. Impossible donc de recharger une ancienne sauvegarde.
OneShot est finalement sorti dans une version finale sur Steam fin 2016 pour une dizaine de brouzoufs. Il est désormais possible de lancer une seconde partie après la première, mais le jeu nous prévient : la seconde partie ne pourra pas être comme la précédente. Ce sera plutôt comme regarder un album photo, un souvenir.
Niko, un enfant-chat de genre indéterminé, se réveil dans un monde qui lui est inconnu. Qui plus est, iel entend la voix d’une étrange divinité : nous, le joueur. Nous devrons guider Niko, notre Messie, à travers un monde dont le Soleil s’est éteint. Le phosphore, luminescent, est devenu la seule source d’énergie. Très vite, nous trouvons l’Ampoule. Niko aura pour mission de ramener l’Ampoule au sommet de la Tour, au centre du monde. Iel amènera ainsi un nouveau Soleil et, peut être, pourra rentrer chez ellui.
Ainsi dans la diégèse du jeu, vous n’incarnez pas directement Niko, quand bien même vous lea dirigez avec les flèches du clavier. Une idée originale et sacrément efficace, car cela permet de mettre en place des dialogues entre nous, joueur, et Niko, lea protagoniste. Niko sera votre protégé-e. En tant que divinité, vous aurez accès à des informations que Niko ignore. Aller vous lui dire certaines vérités douloureuses, ou bien lui mentir pour lea préserver ? Allez-vous vous montrer toujours sérieux, ou bien lui jouer des farces ? Serez-vous un dieu faillible ? Lea ferez-vous souffrir malgré vous ?
Le fond comme la forme font qu’on s’attache très vite à Niko. Cela va assez loin : pour quitter le jeu, vous allez devoir envoyer Niko se coucher dans un lit. En relançant le jeu, Niko se réveille, et vous aurez droit à une petite cinématique de ses rêves. Mais si Niko n’est pas fatigué-e, iel refusera d’aller se coucher. Vous ne pourrez donc pas quitter le jeu normalement, et il vous faudra user de la touche echap.
Le Messie, le Prophète, et Moi
En compagnie de Niko, vous allez explorer un monde étrange et mourant. Le phosphore, omniprésent, a emmagasiné la lumière du précédent Soleil. Mais l’éclat du phosphore diminue jour après jour. Des régions entières sont désertées, les gens partant pour Refuge, la capital au centre du monde.
Grace à sa musique et à son écriture, ce monde dégage une immense mélancolie. On souffre avec lui, et avec ces habitants. A chaque rencontre, les gens retrouvent espoir : ils reconnaissent en Niko le Messie qui ramènera le Soleil. De fait, on s’attache, et on se sent responsable vis à vis d’eux, on a envie d’être à la hauteur de leurs attentes. Mais Niko doute. Iel pense à sa famille, et espère les revoir un jour. On peut lea rassurer, lui dire que tout ira bien, mais en réalité nous n’en savons rien...
Je ne détaille pas trop le scénario, car OneShot fait partie de ces jeux qu’il faut découvrir par soit même. Et dans le cas de OneShot, c’est vrai non seulement pour le fond, mais également pour la forme. Le gameplay prend la forme d’un jeu de réflexion/aventure où chaque énigme est plus surprenante, plus maligne, que la précédente. Le jeu se ferra un malin plaisir d’aller crescendo, si bien que durant la grosse dizaine d’heures qu’il nécessite, vous direz ‘‘waouh’’ plus souvent qu’à votre tour. C’est simple : OneShot fait faire des choses à votre PC qu’aucun autre jeu, à ma connaissance, ne fait. D’ailleurs, si les développeurs nous accordent un message en début de partie disant qu’il est fortement conseillé de jouer en fenêtré plutôt qu’en plein écran, ce n’est pas pour rien ! ( Même si vous ne comprendrez pourquoi que plus tard ).
OneShot est un jeu original et radical, le genre de jeu qu’on ne rencontre qu’une fois, et, malheureusement, qu’on ne joue qu’une fois. J’ai tenté de refaire une partie, malgré les avertissements des développeurs, et… ils avaient raison. Refaire une partie ne m’a fait que me rappeler le souvenir de ma précédente aventure.
‘‘_Ha ! J’ai galéré comme un fou sur cette énigme, et j’étais sur le cul quand j’ai trouvé la solution !’’
‘‘_Tiens, j’avais oublié ce personnage, c’est vrai qu’il est marrant...’’
L’effet de surprise, cette impression de s’enfoncer dans le terrier du Lapin blanc, cette sensation de malaise qu’on ressent devant ces gens (et particulièrement Niko) qui croient fermement en nous, alors que nous même sommes plein d’incertitudes… Tout cela ne marche plus à la seconde partie.
J’espérais retrouver Niko, mais je n’ai retrouvé que son souvenir. Lea Niko que j’ai connu-e est rentré-e chez ellui en 2017, et jamais je ne pourrais lea retrouver.
Conclusion
D’une certaine manière, je vous envie. Pour vous, Niko est dans votre futur. OneShot est dans votre futur. Ne gâchez pas cette chance ! Jouez-y un jour où vous serez pleinement disponible, un dimanche de pluie un peu triste, par exemple. Allez à la rencontre de Niko, vous qui le pouvez encore, et dites lui bonjour de ma part.